lundi 20 avril 2015

Le blues du dimanche soir

J'aime toujours pas le dimanche soir. C'est viscéral. Ça a des airs de fin de vacances, de cartable à préparer, Est ce que tes devoirs sont faits ? Tu sais tes leçons ? de gueule de bois déjà anticipée, et de soirée à marmonner tout ce que je vais devoir faire demain au bureau. 
Alors ici et là, quand je peux, je me bricole une soirée anti-déprime. 
La dernière ? 
Hier soir. 
Un apéro dînatoire entamé sur la terrasse avant que la fraîcheur d'avril ne nous rattrape, un petit groupe d'amis réunis, des qui se connaissaient avant de venir mais pas tous, et qui sont repartis gaillards, repus, souriants, et prêts à démarrer la semaine sous de meilleurs hospices. Quelques heures à peine pour faire la nique au blues du dimanche soir, et qui, en un instant, changent tout. Un petit clin d'oeil complice, quelques menus propos échangés, le plaisir d'être ensemble, un petit bonheur, en somme. 
Ce matin, fraîche, aussi possible que l'on peut l'être un lundi quand on s'est couché avant minuit (Cendrillon est raisonnable), sans penser et tergiverser à tout ce qui m'attend cette semaine, j'arpente la vie sourire aux lèvres. 

vendredi 17 avril 2015

En apnée

J'ai vécu le mois de mars en apnée quasi totale. Je sors seulement la tête de l'eau, je m’ébroue comme un chien, je respire enfin. 
Le 2 mars, mon entretien annuel avec le chef s'est tellement bien passé qu'on aurait dit une lapidation à coup de couteaux, tellement c'était douloureux. Sisi, au moins aussi pire que ça. 
En mode commando, le chef, tranquillement, me sort que : 
1. il a, je cite "aucun atome crochu avec moi" (sic)
2. si je décroche pas un putain de grand compte d'ici fin mai, yé souis virée. 
Tchô. Comme ça. 
J'ai envie de dire :
1. moi non plus, connard, ça tombe bien. Mais je suis plus fine que ça, j'attends mon heure de vengeance.
2. ben tiens, ça tombe bien, comme tu m'as repris presque tout mon portfolio de clients existants pour les refiler au petit nouveau et aux deux minettes rentrées de congé maternité, je passe à peu près 80% de mon temps à faire de la prospection pure et dure, que presque j'envie les vendeurs de chez Orange ou Mobalpa, j'a plus qu'à ramer très fort. 
Forte de ce constat, après quelques jours de détresse infinie :
1. bouhouhou personne ne m'aime-euuuuh
2. j'vais jamais y arriveeeeer, j'suis nuuuuuulle
J'ai remis mon CV à jour sur le site de l'APEC. 
Ouais, ce site de ouf où tu mets ton CV un jour et ensuite il prend la poussière sous des strates d'autres CVs de gens qui comme toi, espèrent l'eldorado parce que le tiers de mon salaire en indemnités chômage, ça va à peine payer mon loyer, et je parle même pas des croquettes pour le chien, là. Ni des vacances. Putain, les vacances ! Et le prêt pour mon appart... Calme, cool, zen, lexomil, hein. 
J'ai donc remonté mes manches, mis mon CV à jour, et posté le truc. Puis recherché aussi, via mon sioupère réseau et tout ce que je pouvais, ce que j'avais comme options. Pour faire autre chose (élever des chèvres dans le Larzac, anyone ?), reprendre des études (mais avec quel fric, putain de merdel de borde ?), me jeter par la fenêtre, rentrer chez mes parents, chercher un autre boulot. Restait donc une option viable, me (re)jeter dans le monde impitoyable de la recherche d'emploi, avec mes jolies dents qui rayeraient le parquet. 
Et là, un miracle. J'ai pas d'autre mot. Non pas UN mais DEUX recruteurs me contactent parce qu'ils ont vu mon CV sur le site d 'APEC. Ouate ze foc ? 
Moult entretiens plus tard, déplacements pour mon poste actuel (à Londres. à Bologne. Re à Londres.) j'ai visiblement réussi à discuter intelligent avec des gens qui croient en moua, plus que l'autre naze du bout du couloir. Et qui, vu ce que j'ai fait de mes dix doigts depuis que je suis diplômée, sont prêts à me faire confiance, eux. Mieux, un qui m'a fait une offre qui ne se refuse pas. Donc j'ai soudoyé, signé et maintenant je croise les doigts de pied pour que ça se passe bien. 
Je continue à sourire poliment en passant devant le bureau du bout du couloir mais je n'en pense pas moins. J'ai négocié mon départ, bien expliqué que je partais parce que c'était pas possible pour moi dans ce cadre là. 
Et l'autre naze m'a dit, attention, roulage par terre en perspective :
Mais pourquoi ? Tu fais un super boulot et on est prêts à te garder parce qu'on est bien conscient que la nouvelle répartition de portefeuille client ne t'a pas été favorable. Ca va être compliqué pour l'équipe France... 
Eh ouais. Champion du monde, le môssieur. Si tu me trouvais fantastique, why l'entretien annuel armé d'une kalach ? Si tu avais changé d'avis dans l'intervalle, surtout, ne communique pas, hein. 
Anyway. Il se démerdouillera tout seul, et j'irai vendre la sueur de mon cerveau ailleurs. Vogue la galère et see you never. 

Voilà la raison, dans les grandes lignes, de mon silence radio des dernières semaines. 
Et puis parfois, plus simplement, je n'ai rien à dire. Je vais bien. Et lire les aventures de quelqu'un qui va bien, well, on s'emmerde, quoi. On soupire, on baille, on attend qu'il se passe un truc. Dans les grands romans, si le personnage principal n'était pas orphelin à la dixième page, y'aurait pas de bouquin. La maman de Bambi se fait flinguer à la douzième minute du dessin animé (sorry  pour le spoiler, people), et on a des envies de meurtre contre tous les chasseurs de la Terre, mais si Bambi allait bien, on s'en foutrait. Déjà qu'on a du mal à réagir quand les étudiants kényans se font bousiller... Voilà, c'est dit. 
Mais je vous aime-euh. Et je pense à vous. Bisous kissous.