mercredi 25 juin 2014

Point de vue, image du monde

Quand je suis vautrée dans un transat sur ma terrasse, répandue comme une bouse, le voisin peut décider de percer tous ses murs ou tondre la pelouse, m'en fous. Le soleil grille tous mes neurones et me rend sourde, imperméable aux bruits du monde, et je sombre dans une sieste bienheureuse option langouste grillée si je ne me suis pas scrupuleusement tartinée de crème solaire avant. 
Quand je suis enfin dans mon lit le soir, si dehors, quelqu'un a le malheur de couiner plus haut que de raison, ça m'agace, ça m'énerve, ça m'entortille, et je ne dors déjà plus. 

M'en fous d'être debout dans le métro pour un trajet de 20 minutes. Mais si le métro a le malheur de s'arrêter dans un tunnel, alors tout à coup j'ai envie de m'asseoir. Même si le trajet devait faire dix petites minutes, là, hop, je me dis que ça va durer trop longtemps, tout à coup je me souviens que je porte d'improbables chaussures pas confortables du tout, et voilà, je me mettrais presque assise sur les genoux du monsieur devant moi s'il n'avait pas un regard si pervers. 

Je peux garder au bureau une tablette de chocolat dans mes tiroirs, et un jour de grand rangement de printemps, me dire, Tiens, c'est quoi ça ? Et devoir mettre à la poubelle un machin qui a blanchi avec le temps. A la maison je n'ai pas ce problème là. Non, chez moi, le problème, c'est plutôt d'essayer de me souvenir qu'une portion n'est pas une tablette, mais un carré. Nuance que la balance me rappelle violemment le lendemain matin, comme une gueule de bois qui fait pousser les cheveux à l'envers. 

Je sais que des millions de gens vivent en couple bon gré mal gré, et passent leur temps à se jeter des assiettes au visage, mais si je croise un petit couple mignonnet à la sortie d'un ciné où je suis allée toute seule, j'ai un coup de mou incommensurable et l'envie d'un hug là tout de suite maintenant et d'un chéri à moi aussi qui me trouverait magnifique et merveilleuse, et d'ailleurs beaucoup plus que son ex (toute ressemblance avec un passif existant est tout à fait faite exprès). 

Je hurle dès que je vois la patte élancée d'une araignée, aussi petite soit-elle, si j'ai mon papa à portée de voix, et j'attends en pointant l'incriminée du doigt qu'il vienne la zigouiller d'un coup de patin expert. Quand je suis seule chez moi, j'arrive très bien à me concentrer pour aller écrabouiller la donzelle avant qu'elle ne file derrière un meuble (bon d'accord, quand c'est une grosse bête sur ma terrasse, j'attends qu'un homme traverse mon appartement pour lui montrer la bestiole, et sinon je m'arme d'un balai et d'une copine au téléphone pour me donner du courage). 

Je me trouve très jolie quand je me regarde dans le miroir le matin, dans ma petite jupe à pois et sandales hautes. Jusqu'à ce que dans le métro, un mannequin de 19 ans et demi aux gros seins (pétasse) se poste juste à côté de moi et me donne envie de pleurer et d'arrêter le chocolat avant hier. 

Bref, je suis l'optimisme incarné tant qu'un petit nuage ne vient pas occulter le soleil de mon mois de juin. 
Bref, tout est question de référentiel. 

vendredi 20 juin 2014

Moi, version monoï

Je n'oublie pas mon petit blog. Mon petit espace de liberté, bien caché dans l'infini de la Toile.

Je suis bien rentrée de Lisbonne, où j'ai passé deux jours au soleil avec une copine, à essayer de ne pas me vautrer sur les petits carreaux qui composent les trottoirs de la capitale (et qui glissent, en plus). J'ai aimé l'âme de la ville. Une douceur, du temps, des couleurs, pastels, un ciel bleu délavé au dessus de l'eau et intense au zénith. Des vues à couper le souffle, depuis les hauteurs, sur la ville alanguie au soleil, avec son petit Golden Gate personnel. 

Je suis bien rentrée, avec un petit souvenir dont je me serais passée, un rhume qui ne me lâche pas et me donne le tonus d'une limace. Je commence seulement à reprendre le dessus sur la colonie de miasmes, bon sang. 

Paris était gris lundi, et le retour n'en fut que plus violent. 
Depuis, ça va. Le soleil est revenu, la chaleur aussi, et il fera bon ce week-end je crois. Je vais en rendez vous cette après midi, à pied, pour profiter un peu. 

J'ai investi dans une jupe légère et une jolie robe aussi, parce que je le vaux bien. Monsieur mon Banquier, si tu me lis, panique pas, je suis allée chez H&M, pas chez Cha&Nel. 

J'ai envie de bouquiner sur ma terrasse, parce que le soleil adoucit la vie. Juste pour moi, comme ça. Pas envie de me relancer, de me propulser sur Adopte-Un-Boulet et de rencontrer un détraqué. Juste envie de prendre soin de moi. Et c'est déjà bien comme ça. 

Note : lunettes de soleil de rigueur. Et une crème qui sent bon le monoï, aussi. 

mardi 10 juin 2014

Please sign here

J'ai signé. 
Ce matin, j'ai paraphé 82 pages, écrit VU ici et là, et signé aussi, de ma plus belle écriture (et un stylo bic des plus ternes). 
J'ai signé mon accession à la propriété foncière française. J'ai signé, fière, apposant mon nom où il fallait, en m'appliquant à signer bien dans le rectangle prévu à cet effet. 
J'ai signé. 

A la fois triste de signer seule, oui, seule, encore et toujours seule, mais fière aussi, de me dire que, ouais, ce bien là, je me l'offre toute seule. 
Bon d'accord, avec le soutien inconditionnel de mes parents et un prêt à la banque parce que je n'a pas de Crésus accroché à mon bras. 
Mais j'ai signé. Pour de la pierre, un investissement à long terme qui me permettra de ne pas mourir de froid l'hiver et qui ne ronfle pas. 
J'ai signé la vie continue, j'avance, et je vous emmerde, j'y arriverai toute seule. 

J'ai signé aussi l'envie de partager ce moment là, avec les copines, ce sera déjà ça. Je commence ce soir, avec un apéro à bulles pour faire éclater un peu de joie alcoolisée dans mon cerveau. Je sens que cette acquisition là va me coûter cher en bulles, et ce sera pas du coca light, mais j'm'en fous. 

Cheers to me. 

mercredi 4 juin 2014

Où suis-je ?

Où cours-je ? Dans quel état erres-je ?

Voilà.
Je suis un peu beaucoup déboussolée ces derniers jours, depuis mon retour de Barcelone. 

Le séjour à Barcelone n'y est pour rien du tout, c'était très chouette avec la copine de gambader dans la ville jusqu'à s'en faire mal aux petons et de sourire, le nez au vent, coup de soleil sur les épaules, aux beaux inconnus déambulant dans les rues. 

La faute aux autres, la faute aux hommes. La faute au dernier à qui j'ai eu envie de faire confiance, en me disant que allez, hop, si je me jette pas un jour dans le grand bain, j'y arriverai jamais. Alors j'ai ouvert un peu mon âme, un peu mes bras, et j'ai foncé la tête la première. Dans le mur. Il s'avère que ce modèle là avait en réserve une ex disparue depuis quelques mois qui a refait surface (crise de jalousie ?) et a, je cite, convaincu Monsieur qu'elle était magnifique et merveilleuse, et qu'elle l'aimait d'amour. Et Monsieur qui ne m'en n'a pourtant pas dit goutte, en était resté très blessé. Et très amoureux. Et a couru dans ses bras pour aller gambader dans les vertes prairies de l'amour comme on n'en voit que dans les publicités pour la lessive. 
Et moi ? 
Moi il m'a trouvé fantastique, magnifique, merveilleuse, formidable. Mais moins que l'ex, donc. Je connais pas la dame, je sais pas à quoi elle ressemble, mais un mot, un seul, se forme à la surface de mon cerveau comme les ronds des ricochets dans l'eau : PÉTASSE. 

Je suis donc une fille fantastique, magnifique, merveilleuse, formidablement seule. 
Infoutue de faire mieux. 

Et pourtant, incroyablement distinguée. Car je pourrais écrire son nom ici, le hurler sous les fenêtres de son bureau avec une bordée d'injures dans la foulée, faire une poupée vaudou en rassemblant quelques cheveux qui doivent encore émailler mon appartement. Mais non. Je n'ai pas envie d'utiliser ma vie, mon énergie pour une vengeance qui n'en vaut pas la peine. Je suis fatiguée. De cette fatigue qui vous fauche le corps comme elle vous fauche l'âme. 

Et pourtant, ça va passer, je le sais. 
Je ramasse mes abatis, je me relève, je sèche mes larmes, j'ouvre mon parapluie pour sauter dans les flaques d'eau qui rendent Paris si sombre aujourd'hui, et j'attends, j'attends, j'attends un prince charmant avec la sensation pourtant d'être cette petite fille qui attend le père Noël tout en sachant très bien qu'il n'existe pas vraiment.. 

"Ça s'arrose" ? A ce train là, les filles, si je ne pointe pas aux réunions des alcooliques anonymes d'ici peu, ce sera un petit miracle en soi.