vendredi 28 février 2014

Pause (forcée)

Un souci de santé me coince chez moi cette semaine. 

Je me perfuse à coup de bouquins (Ken Follett, hellooooo, Fall of Giants, j'ai de quoi tenir), à coup de séries, aussi. Je découvre Breaking Bad (bien déjanté), Dexter (trop sérieux pour moi et trop sanguinolent aussi, j'ai pas tellement accroché), Suits (j'ai beaucoup aimé le pilote, à suivre). 
Je fais des siestes à rallonge et j'ai le temps de m'interroger sur le sens de la vie, aussi.

Je me suis dit que j'allais en profiter pour écrire mais rien ne vient. Of course. C'est quand j'ai trois milliards de trucs à faire en même temps que j'ai envie d'écrire, une envie irrépressible de coucher mes émotions sur le papier. C'est presque comme une délivrance, parfois, toute cette émotion qui se retrouve en mots, c'est comme si mes mains courraient sur le clavier, cerveau déconnecté, comme si je vomissais les mots, aussi, parfois (ami poète du matin...), j'ai vraiment ce besoin impérieux d'écrire. 

Et là, j'ai le temps, mais... rien. Rien. Le grand vide sidéral face à la page blanche et au ruminement du disque dur, en sourdine. Peut importe que ce soit le papier ou l'écran, rien. 

Oh je pourrais mettre des jolies photos que je prends, ou des photos d'autres, ici, pour alimenter. Mais ça n'a pas de sens. J'ai fait ça, dans une autre vie, sur un autre blog, mais là, non. Là je n'ai pas envie. Je surfe ici en opération à cœur ouvert, tripes à plat sur écran glacé, et je ne me cacherai pas derrière les photos. Plutôt le silence qu'un écran de fumée. Je sais aussi qu'ici, je retrouve le plaisir d'écrire, justement, toutes ces émotions qui peu à peu avaient quitté l'autre blog, devenu aseptisé à force de vouloir toujours faire la bravarde. Ici, je continue à faire vivre mon ressenti, longtemps après l'avoir vécu. Je peux relire, aussi, des articles anciens, et retrouver cet état d'esprit, comme si je visitais des souvenirs, comme si je voyais ma vie en spectatrice. C'est une sensation étrange. Étrangement agréable, aussi. Se dire qu'on a fait tout ça. Des choses chouettes. Qu'on s'est pris les pieds dans le tapis, aussi, mais qu'on est toujours là, debout, à avancer. Contre vents et marées. 

Étonnement, je suis sereine. Passé le diagnostic de lundi qui m'a rendu hystérique pendant quelques heures, le calme intérieur. Ce n'est pas non plus un cancer du sida galopant, rien de gravissime, rien d'incurable. Je n'ai pas non plus passé des heures à me ronger les sangs en me disant que j'allais mourir seule, dévorée par des bergers allemands. Pourtant, dehors, il flotte, il fait ce temps d'hiver parisien, un froid insidieux, une pluie fine mais insistante qui s'infiltre partout. 

Mais je profite. Je profite de cette pause (forcée), pour prendre mon temps, ne rien faire, mais le faire bien. Et ça aussi, quand je le relirai, dans quelques jours, dans quelques semaines, alors que je passe mon temps à courir, ça me fera sourire. Et je me souviendrai de cette accalmie. Sereine. 

mardi 25 février 2014

The crush has crashed

Étrange, la vie. Une page qui se tourne, si vite qu'à relire les gribouillis dans mes carnets Moleskine qui traînent partout dans ma vie, dans mon appartement, mon sac à main, j'ai l'impression soudaine que c'est une autre qui les a écrits. 

La semaine dernière j'écrivais ça. 
Une étoile filante une passante un courant d’air, voilà ce que ce je fus. Je n'ai fait que passer, je suis repartie sur la pointe des pieds loin de ta vie avant que la poussière n’ait eu le temps de se poser sur le bois laqué de ton piano. Tu m’auras vite oubliée, j’aurai été la good girl un peu perdue dans ton salon, un petit courant d’air de calme au milieu du tourbillon de ta vie, une étrangeté en somme. Je ne peux pas m’empêcher de penser, je ne peux pas m’empêcher de penser à ça, c’est comme si j'avais été sur une corde raide, une via ferrata, et j’avance mais je sens les gravillons sous mes pieds j’avance je regarde dans le vide je suis tétanisée j’avance quand même. J’ai un creux dans le ventre, un creux qui se dessine autour de toi, comme si la marque de ta tête contre mon corps tout à coup me brûlait les tripes par son absence cruelle absence. Je me recroqueville sur moi-même, je me recroqueville autour de mon ventre, autour d’un creux, d’un manque, d’un manque de toi, comme si on m’avait arraché un morceau de chair j’ai mal. J’ai envie de hurler, d’hurler jusqu’à n’en plus pouvoir rien faire envie de rester là tant pis s’il pleut, tant pis j’ai mal je me sens déchirée j’en ai la tête qui tourne j’ai envie de hurler.
Aujourd'hui, je hausse un sourcil interrogateur. Je ne ressens déjà plus ce manque. La junkie se sera vite remise de cette parenthèse là. 
Aujourd'hui, je porte un regard clinique sur cette parenthèse. Aujourd'hui je sais ce que j'ai toujours su, intimement, sans vouloir me l'avouer : deux mondes, le sien, le mien, se sont croisés par une étrangeté de la vie et voguent maintenant à nouveau aux antipodes l'un de l'autre. La rancoeur, maintenant ? Non. Ce serait trop intense encore. L'indifférence ? Pas encore. Quelque chose entre les deux, pourtant. Qui tient plus du suis ton intuition. Ce gut feeling, qui ne me quittait pas et me titillait, comme un petit caillou dans la chaussure, comme une petite blessure sur laquelle on revient toujours. 
Et aujourd'hui, ça fait si peu et c'est déjà si loin, je souris.
Oubliés, les éclats de cette fin d'ébauche ? Non. 
Mais gravés aussi, les bons moments, la douceur, la passion, cette voix puissante, aussi, qui accompagnait si bien la résonnance d'un piano, mais menaçait de m'entraîner aussi dans une spirale démentielle. 
Gravés aussi, l'espoir, l'optimisme qui malgré tout me façonne, la vie, le soleil, les premiers bourgeons aux arbres dans mon jardin, et la capacité à tenter sa chance encore et encore. 
Un peu plus cabossée ? Peut-être. Un peu plus sage ? Peut-être pas.... 
Je garderai cette histoire là bien au chaud au panthéon de mes souvenirs personnels, avec toutes les autres. Les chouettes, et les moins chouettes aussi. 

Bref ? Ça s'arrose. 
Life goes on. 

vendredi 21 février 2014

Au coeur de la nuit

Je suis au creux de tes bras, ta main vient chercher la mienne, se referme, mes doigts minuscules enserrées dans tes mains d’homme, rugueuses. Tu me caresses distraitement le dessus de la main, du bout des doigts. C’est un geste à la fois si doux, si banal, aussi. Je ne peux pas m’empêcher de me demander si tu le fais consciemment, parce que je suis là, où à chaque fois que ta main se resserre sur celle, plus menue, d’une femme alanguie dans ton lit. 
Où es tu lorsque nous faisons l’amour, ici intensément, ou loin, si loin ? 
Tu es soudainement muet. Je plante mon regard dans le tien, tu croises ce feu, tu te détournes. J’avance à cet instant les yeux grands ouverts, tous mes sens, le moindre centimètre carré de ma peau est là, intensément là, ici, maintenant. Plus rien d’autre n’a d’importance pour moi. 
Lorsque la crête du plaisir est passée, tu t’abandonnes, enfin, je te retrouve. 
Tu me serres si fort, je suis le centre du monde, mon corps vibre encore, comme un instrument de musique après les dernières notes, les derniers accords, je sens encore cette vibration comme si tu étais en moi. Tu me serres si fort, nos respirations tout à l’heure emportées reprennent leur calme. Tu me serres si fort, je suis le centre du monde, je te serre dans mes bras aussi, ta tête repose sur mon sein gauche, j’embrasse tes cheveux. Tes cheveux si fins, si doux. J’embrasse tes cheveux, je m’enivre de ton odeur, ton odeur d’homme qui vient de jouir, un mélange de sueur, de désir, les vestiges de ta dernière cigarette, ton shampooing, peut-être, aussi. Tu me serres si fort, je m’enivre de ton odeur. 
Rejetée sur la grève avec toi, je suis le centre du monde. Je souris, à peine, dans le noir. Je ne veux pas te lâcher. 
Il faudra bien pourtant, tu desserreras ton étreinte, et tu t’allongeras sur le dos, tu allumeras une cigarette, une autre, un bras nonchalamment lancé comme un pont, sur mon ventre. Ta main vient chercher la mienne, se referme, mes doigts minuscules enserrés dans tes mains d’homme, rugueuses. Je ne veux plus jamais me lever. Je veux que le monde se limite à ces instants, à cette chambre, à cette moiteur, à la chaleur de nos deux corps alanguis.

mercredi 19 février 2014

Vade retro téléphone

Et soudain, la simplicité d'un appel à passer se mue en angoisse. Est ce que c'est le bon moment, est ce que j'ai la bonne voix, attends, je vais attendre encore 5 minutes. Non, ne pas appeler dans la rue, avec mon karma, un scooter va passer juste au moment où ce sera à moi de parler. 
Je regarde le bidule, les mains un peu moites. 
Presser le bouton d'appel, tout à coup, requiert toute l'énergie du monde. 
Et une fois que je suis lancée, le blanc intersidéral. Je ne sais même pas ce que je dis. Est ce que j'ai l'air normale ? Gourde ? Je raccroche après avoir laissé un message bref (Je vérifie le temps d'appel. Oui, ça va). 
Et maintenant ? 
Maintenant j'attends. Un signal, un texto, un rappel. 

mardi 18 février 2014

Turning point

J'aime ce moment, au détour d'une conversation, où un presque inconnu qu'on a rencontré il y a peu, tout à coup, s'ouvre comme une fleur, et s'épanche. Tout à coup, le verrou de la société saute, et on rentre dans le vif du sujet. Tout à coup, on n'est plus en train de parler politique ou de la forme des nuages, comme dans un salon de thé. On a brisé un mur de verre, qu'est ce qu'on risque ? Et on se lance. 

J'ai cette étrange capacité à écouter, on vient se confier à moi. 

C'est comme ça que j'ai retrouvé un homme, qui, il y a deux semaines, participait à la même formation que moi. 
De passage à Paris, on dîne ? Pourquoi pas. 
Donc, nous dînons. Au delà de l'aspect emprunté de la chose, les couverts qui cliquettent sur le bord d'une assiette. Tout à coup, et je ne sais pas même dire comment ni pourquoi, mais on en arrive au cœur du sujet, au moment crucial, au turning point. Est-ce un silence pensif de ma part qui catalyse cette envie de s'épancher ? Et pourtant, ce ne sont pas toutes vannes ouvertes. Non. On reste dans le principe d'un échange, constructif, on se parle pour avancer, on se rassure un peu, aussi. 
Ah, toi aussi ? Oui, moi aussi.  
Bas les masques. 
Derrière l'assurance première, la réussite, sociale, professionnelle, la faille. Presque imperceptible, et pourtant, là. Une faille qui se dévoile comme une cicatrice qu'on aperçoit soudain lorsqu'une manche se relève. 
La certitude, aussi, qu'en se dévoilant pourtant, on ne s'expose pas. On ne sera pas jugé, non plus. Équilibre fragile. 
La douceur des hommes, qui se dessine délicatement derrière cette forteresse trop souvent imprenable de l'apparence. 

lundi 17 février 2014

And now... rien

Puis finalement : rien.
Le soulagement, le rire, cette peur idiote, y avoir cru un peu, aussi. Et du coup, c'est ma fête aujourd'hui. 

Me reste du week-end quelques courbatures, vestiges de cours de gym où je n'étais pas allée depuis trop longtemps, des mouvement pas faits depuis si longtemps, et la douceur de ma peau, baignée tant de fois dans une eau de mer, enveloppée dans de la boue aussi, et une petite musique lancinant que l'on dit relaxante. Et les fous-rires, être si bien, loin de tout. 

Une semaine qui recommence, un lundi pas trop gris, et qui sonne comme une promesse. Sourire aux lèvres. 

vendredi 14 février 2014

Ça va être ta fête

Y'a des choses qui changent pas, comme cette idée de petits coeurs rouges qui dégoulinent à tous les coins de rue, et tous ces petits couples qui aujourd'hui vont se tenir par les mimines (pour ne pas s'entretuer ?) et aller se regarder dans le blanc des yeux dans un restau, pendant que le serveur fait tinter le tiroir caisse parce que ce soir, c'est ze night pour lui. 

Déjà l'année dernière, je m'interrogeais sur l'Amour avec un grand A. Pas parce que je n'y crois plus, non, ce n'est pas le coeur du débat. Pour l'instant je ne me sens pas d'aller courir dans les prés avec un amoureux tout frais, dont je n'ai aucune idée de la date d'expiration. J'ai envie d'instants uniques, pas de me prendre la tête pour réserver un restau ce soir. 

Et ça tombe bien d'ailleurs, parce que je vais passer un week-end au spa. En n'amoureuse. Avec une copine. On va se faire poupouner pendant deux jours, ce qui laissera probablement aux autres convives de l'hôtel le loisir de se demander si on est lesbiennes ou non, ce qui peut être plutôt drôle. 

Et histoire de rendre les choses un tant soit peu plus rigolottes, j'ai une suspicion de mononucléose sur le dos. On ne rit pas, merci. Comme cette saloperie de maladie du baiser met jusqu'à six mois à incuber, dois-je commencer à faire la liste de tous les z'hommes que j'ai bisoutés (et plus si affinités) depuis septembre 2013, comme Miranda quand elle chope une MST ? Bordel, on n'est pas rendus. J'attends donc d'en savoir un peu plus, probablement d'ici lundi, et faire la surprise à mon chef au passage Saluuuut je prends deux mois d'arrêt maladie, j'ai une mononucléose. Ou pas. Franchement ? J'espère que ce sera ou pas

Bref, aujourd'hui, c'est un peu ma fête. 

jeudi 13 février 2014

Ce rêve bleuuuuuuuuuu

Je continue à planer doucement, je me demande si c'est vrai. 
Hier matin, j'avais l'impression qu'on lisait tout ça sur mon visage. Tout cet instant de girl power qu'on pourrait parfois résumer en quelques instants la solitude qu'on ressent parfois quand on se lève le matin et qu'on est pas chez soi (walk of shame, anyone ?), et c'est comme si mon visage, mon corps, rayonnait. Vraiment, c'est rare quand tous les hommes se retournent quand je passe, surtout le matin, surtout quand j'ai pas une jupe très courte ou des hauts talons. 
Alors, oui, bien sûr, il y a toujours, toujours en moi cette incertitude qui s’immisce, qu'est ce que je fous là, en vrai ? A me dire que je ne cadre pas vraiment avec le reste du décor, à me dire que je ne suis pas à la hauteur, qu'il va se lasser, etc. 
Mais pour l'instant, je profite de l'ivresse, sourire aux lèvres. Peut importe ce qui se passe après. 

Et, oui, je sais, je me répète. Mais j'avais envie. Hop.

Bref, gnangnantisme presque à fond. Vu que demain, je vais déjeuner au bureau et que demain soir je pars en ouikène avec une copine (deux jours de spa, le bonheur), la St Valentin peut se carrer ses petits coeurs rouges là où... mais je m'égare.
Je n'ai pas envie qu'on me promette des épousailles en grande pompe. Aujourd'hui, je suis contente qu'on me promette qu'on se revoie. Et ça, c'est déjà vachement chouette. 

mercredi 12 février 2014

Déconnectée

Ce matin j'ai un peu l'impression que les rares oiseaux qui chantent ne chantent que pour moi, et s'il faisait dix degrés de plus, je serais probablement en train de me rouler sur des pelouses en chantant youkaïdi youkaïda. Ca n'est pas de l'amour, faut pas déconner, c'est le stade juste avant, le crush, l'inamoramento, comme disent les italiens, quel joli mot. 
J'ai toujours mes putains d'inquiétudes qui me tiraillent, parce que je suis moi, parce qu'il y a des choses qu'on ne change pas. Il y a toujours des instants où j'ai envie de parler, et je finis par me mordre les lèvres et ne rien dire, de peur de briser l'instant. Oui, de peur. On ne change pas une control freak comme ça, du jour au lendemain. 
Mais on se découvre tout doucement. C'est parfois aussi ridicule que de se dire tiens, truc de ouf, toi aussi tu as cinq doigts à chaque main ? (= bonjour, je suis blonde). Parfois, c'est moins ridicule, aussi. 
Le code a changé, il y a un enjeu, pas seulement le principe de se retrouver peau contre peau et de laisser la nuit envelopper nos envies. 
J'ai envie de me perdre, un peu beaucoup. Comment ça sera tout à l'heure ? Demain ? I have no fucking clue. And I don't care. I live for the moment. Whatever will be, will be

Et pendant ce temps, au bureau, chef numéro 1 me fait envoyer du thé de Novosibirsk. Et chef numéro 2 m'appelle pour me dire qu'il a trouvé un égouttoir rouge pour notre suuuuper nouvelle cuisine. J'en suis ravie mais un peu déconcertée, j'avoue. 

jeudi 6 février 2014

Eyes wide open

C'est un bouillonnement en moi qui remonte à la surface. Il a toujours été là, toujours, mis en sourdine par la vie, la fatigue, le bureau, les emmerdifications de tous les jours. Le questionnement existentiel qui rôde, mais que l'on jugule, parce que c'est si facile, parce que c'est plus facile, d'avancer, un peu anesthésié par la vie, que de se poser, et de se dire, je peux faire mieux, je peux vouloir plus, je veux changer. Pas nécessairement une révolution, non, mais déjà, pour commencer, une reprise de conscience. De l'existence. Pas un constat alarmant de mal être, non, un constat d'être, de se sentir exister, vivre, respirer. De sentir que ça bouillonne à l'intérieur, justement. De sentir un élan. De rechercher l'instant, l'unicité de l'instant. Pas seulement un bien être édulcoré, non, mais de chercher un instant de magie. Sentir en soi que l'impulsion est là, la laisser avancer. Fermer les yeux ? Non. Sauter, les yeux grands ouverts. 

mardi 4 février 2014

Lâcher prise

Carapacée, protégée sous la douillette armure de mon esprit, j'observe. En décalage complet, j'ai l'impression de flotter un peu au dessus, de me voir repliée dans ce canapé, fillette terrorisée ? De quoi ai-je peur, foncièrement ? De montrer qui je suis, de laisser mes émotions affleurer ? J'ai tellement peur de me faire mal, de ressentir. Cette impression d'être montée dans un train lancé, sans pilote aux commandes. 
Et c'est pourtant loin d'être la première fois que je suis là. Puisque. A cette croisée des chemins là, je retrouve un moi antérieur qui se posait les mêmes questions. Est ce que j'ai avancé ou tourné en rond ? 
J'ai l'impression de me brider inconsciemment, mais j'ai passé tant d'années pourtant à me protéger, j'ai du mal à baisser la garde aujourd'hui. J'observe, je reste décalée, j'attends. Je veux comprendre avant d'avancer la main. 
Et pourtant, pourtant, je devrais me dire, que chaque minute que j'attends ici, à observer le monde, c'est une minute perdue pour l'explorer, pour vivre. 
Mais je reste là, au bord de l'eau, à regarder le mouvement des vagues à la surface.
Y'a plus qu'à. 
Prendre une grande respiration. Et sauter.