vendredi 17 octobre 2014

Musique de chambre

J'étais cette semaine en Allemagne au siège de ma société pour la grande messe annuelle, également appelée dans le jargon local sales meeting. Trois jours de présentations powerpoint histoire de voir si on sait encore se tenir assis sans bouger sur une chaise comme lorsqu'on était étudiant, sans moufter ou presque, de 9h à 19h. Eh bien cela devient difficile avec l'âge, dit la mamie qui vit en moi. D'autant plus difficile, qu'une fois la présentation générale achevée, on passe en revue les performances de chaque région, et qu'à la minute où la seconde présentation est entamée, on a soudainement une grosse, très grosse envie de fermer les yeux, juste un instant, rien qu'un instant, pour voir, ça semble soudainement la seule chose possible à faire, et on lutte alors de tout son être pour surtout ne pas le faire, ne pas craquer, car on sait bien au fond qu'à la seconde où l'oeil clignera plus lentement que de raison, on ne pourra le rouvrir assez vite, et que la seconde imaginée du clignement se sera transformée en une demi heure perdue dans un espace temps trop vite compressé. 

J'étais cette semaine en Allemagne et mon crush de l'an dernier aussi. J'ai souri, intérieurement, en le voyant. Je l'ai vu se tortiller un peu, aussi, en réunion, quand il s'est trouvé en face de moi, et que mon regard croisait le sien. Au milieu de l'agitation ambiante, quelques instants entre lui et moi au calme, étrangement. 
Toi, moi ? Let's face it, darling. On a dépassé depuis longtemps notre date de péremption. Let's hug and move on
A la question qui me faisait gamberger à l'époque, je peux désormais répondre : si je n'avais pas des clés dans ma poche, des clés qui ne sont pas à moi mais qui m'ont été confiées, je serais tombée dans ses bras plus que pour un hug improvisé. 
Mais je ne compte pas monter un orchestre de musique de chambre
Une relation à deux, deux personnes qui habitent dans la même ville, se découvrent, se dévoilent, se plaisent, c'est si miraculeux que ça m'en emplit l'esprit comme si j'étais la première personne à en faire l'expérience sur toute la planète. 

mardi 7 octobre 2014

Bocal

C'est l'automne ? C'est déjà l'automne ? Je plane sur un petit nuage en regardant le temps passer, au loin. Je trouve Paris plus jolie, un grand soleil d'automne que j'attends en humant l'odeur des feuilles qui commencent à choir. Même quand il fait moche, je trouve qu'il ne fait pas si moche. 

Je n'ai, somme toute, pas grand chose à écrire ces temps ci. Au lieu d'écrire en suspendant ma respiration, j'essaie de vivre, très simplement. Il est en train de se passer quelque chose, quelque chose de joli, quelque chose de fragile comme un flocon de neige qui m'arriverait sur la manche, délicat, fin, et j'ai envie de me pencher, d'en profiter, de m'en souvenir longtemps. 

Ces petits instants de bonheur fugace que l'on voudrait pouvoir mettre en bocal pour les jours de pluie... Les arrêts sur image que je voudrais pouvoir faire, les moments où je voudrais pouvoir dire à mon esprit, tu vois, ce truc là, tu risques de l'oublier et pourtant, pourtant, souviens toi comme tu te sens bien maintenant. Souviens t'en, pour les jours où tu ne voudras pas émerger de sous ta couette un jour d'hiver. 

La formule de l'automne, si bien trouvée de Madame Foresti : Les trucs à vivre ? Manger une pizza, se taper un bon film, tomber amoureux. Une fois que t'as vécu ça, plus rien d'autre n'a d'importance. 

Alors, je me laisse doucement choir, bercée par le rythme des feuilles qui tourbillonnent dans le soleil d'automne. Bocalisation totale.