vendredi 18 octobre 2013

La Patagonie


Journée de boulot, normale, toussa, toussa.
Et pis en discutant, le grand brun sus-mentionné* se rend compte que du coin d'Allemagne où nous sommes, je n'ai vu que pouic, et me propose (par pitié ?) d'aller voir un peu Downtown le soir. Je réfléchis longuement (au mois trois secondes et deux centièmes) avant d'accepter sa proposition (décente**). 
Le soir, il vient me tirer de mon donjon pour me faire un peu visiter la ville. On discute de la soirée de la veille (très sympatoche, tout le monde il est d'accord), je fais de gentilles petites allusions au fait que je lui dois une fière chandelle (l'alternative étant d'aller dîner seule avec mon chef ou en tête à tête avec ma téloche, ouèèèèè) et que je lui suis redevable. Genre très, très redevable. (clin d'oeil***) 
Il ne répond rien, ce qui est soit le signe d'un assentiment (hypothèse haute) ou d'un refus polis (hypothèse basse). 
La soirée se passe à se taquiner gentiment, au restaurant, puis dans le bar où on continue à papoter. 
A la sortie du bar, bien émue par le mojito (il faut vraiment que j'arrête le mojito. En fait non, le problème n'est pas LE mojito mais LES mojitos parce que quand j'en bois un seul je suis très classe et c'est au delà du second verre que les choses commencent à se gâter, donc il faut vraiment que j'arrête les mojitos), je pose des questions, je parle, je me lâche. Je suis capable, après deux mojitos, d'expliquer que j'ai une envie folle d'arracher une chemise, là, sur un trottoir allemand en plein milieu d'une ville que je ne connais pas beaucoup plus qu'il y a deux heures, et sans ciller. Je suis capable de dire que la vie est faite d'options et que j'ai cette envie qui vient d'expédier tout ce qui me restait de raison jusqu'au fin fond de la Patagonie. 
J'écoute les arguments, pourtant, qui ne viennent pas vraiment. Une vague manière de me dire poliment qu'on est collègues, tout de même, bien qu'on ne travaille pas dans les mêmes bureaux. Que ça va être bordélisant. 
Je suis lancée, je dis calmement que je ne risque pas de revenir ici avant l'année prochaine, que je ne compte pas me marier et faire plein de petits enfants franco-allemands (moi je suis intéressée par le procédé, pas pas le résultat seul). 
Il oppose un refus rapport aux chefs, toussa toussa. 
A court d'argument, je m'approche un peu plus, je me hausse sur la pointe des pieds. Je me tends, et je l'embrasse. 
Plus de refus. 
Et soudainement, il fait un peu moins froid, l'endroit importe un peu moins.
Une petite fuite en avant, un arrêt sur image dans le temps, et cette envie persistante de chemise à arracher, mais on est toujours dans les rues allemandes en plein mois d'octobre, il est 1 heure du matin.
Et pourtant, la raison revient, un revers du vent, on se détache et on réalise que ça va vraiment être un bordel intersidéral, on s'ajuste, on se souhaite un bon courage et on reprend chacun son chemin en se demandant et si...
_____
* non ça n'est pas cochon
** vraiment pas cochon
*** maintenant c'est connoté, ok

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