mardi 22 octobre 2013

Les guerrières

J'ai terminé hier soir un livre de Véronique Olmi, Cet Ete Là. Que je conseille, au passage, de lire, mais pas un soir de déprime parce que c'est un coup à aller se trancher les veines dans sa salle de bains.
Et j'ai lu, relu plusieurs fois ce petit passage.
[Elle] n'était pas, il le savait, le genre de fille à faire des scènes. A s'accroche ou à supplier. C'était une fille qui connaissait le revers de la médaille : elle était forte, donc souvent seule. Elle faisait partie de ces êtres qui se cachent pour pleurer et chassent leurs idées noires avec des remèdes aussi bêtes qu'infaillibles : alcool, séries télé, nourriture excessive, shopping, travail, et toujours le sourire aux lèvres. Ce sont des guerrières. De celles qui ont appris la tendresse en colo et la survie dans leur chambre d'enfant. Elles ne lâchent jamais.
Et je repense aussi à cette foutue semaine en Allemagne qui semble maintenant être à des années lumières d'ici alors que c'était la semaine dernière seulement. Et j'ai envie d'hurler à pleins poumons pour voir ce que ça fait, j'ai envie de me rouler par terre, j'ai envie de repartir en arrière et de recommencer les mêmes bêtises avec la même personne et à la fois de faire une petite avance rapide pour que mon cerveau arrête de turbiner, que je puisse passer à autre chose.
J'ai envie d'appeler pour entendre le son de sa voix et savoir si ça me fait le même effet ou si c'est passé. Bon, fausse explication, je sais à ce stade que ça n'est pas passé. J'ai envie. Je pourrais, même, puisque j'ai son numéro de téléphone portable (bureau oblige).
Et je regarde mon téléphone où j'ai toutes les équipes dûment enregistrées, emails et téléphones.
Et le téléphone me renvoie mon envie, ma petite folie, mes doigts me brûlent et je résiste, il n'y a rien à envoyer, il n'y a qu'à s'abrutir d'une autre manière pour faire passer, comme une petite entaille sur la pulpe d'un doigt, qui agace, qui s'installe, et qui semble ne jamais vouloir disparaître, mais pourtant, disparaît.
Je fantasme sur l'idée d'un week-end sous la couette qui n'existera que dans mes rêves les plus fous. Il n'y a rien à voir, rien à dessiner, pourtant.
Simplement laisser le temps recouvrir de dossiers, de soucis, de feuilles mortes cette envie qui me taraude ces jours ci avec tant d'insistance et qui disparaîtra pourtant, comme tant d'autres avant.

Et j'ai relu encore ce passage, en me disant, c'est pas vrai, c'est pas possible, et pourtant. Je dois être de ces guerrières qui ne lâchent jamais, pas en public en tout cas, et qui se retirent dans leur tanière pour panser leurs plaies, en attendant des jours meilleurs. Et qui ont pour défouloir un espace sur la Toile où elles se racontent dans l’anonymat, entre deux séries télé.

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