vendredi 23 janvier 2015

Je bloguais, je blogue, je bloguerai

Il y a dix ans, j'ouvrais mon premier blog. 
Un pas de géante pour moi qui quelques mois auparavant ne savait même pas ce qu'était un weblog, justement. Oui, à l'époque, on disait encore Web-log, un carnet de notes en ligne, qu'on a contracté plus tard, parce que c'est tellement plus simple, en mot "blog". 
J'en suis à mon troisième, entre temps. 

Un blog d'expatriée, au départ, qui a commencé, parce que les copains, restés en France, me demandaient des nouvelles, et n'avaient pas nécessairement envie de lire dans un email que je vivais une vie trépidante pendant qu'ils s'enquillaient métro-boulot-dodo. Et même si une vie d'expat, c'est aussi métro-boulot-dodo par la force des choses (je ne parle pas des dames qui attendent sagement leur progéniture ou leur mari à la maison mais de tous les autres et de toutes les autres), ça a certes l'attrait de la différence, la nouveauté de la foultitude de petits détails qui ne sont pas comme à la maison. Qui s'est lancé pour les amis, et qui a fait boule de neige, on m'a suivie, des inconnus, des bloggeurs, des lecteurs, qui sont devenus des amis, aussi. On se prend au jeu, on poste des photos WTF, on teste la réaction des lecteurs, on a tribune ouverte pour râler et se plaindre, pour éblouir, aussi. Facebook est né entre temps, pour relayer les posts, via une page dédiée, et les gentils commentaires des internautes qui m'écrivaient pour me dire qu'en arrivant le matin au bureau, ils ouvraient mon blog et lisaient mon article en buvant leur café. Première pensée du bureau au matin, pour une inconnue à l'autre bout de la planète. Awkwardly sweet. Passé les premiers instants d'étrangeté, on se prend au jeu et on écrit aussi pour eux, les inconnus. On se forge un style d'écriture, de photos, qui fait la ligne éditoriale du blog, comme d'un journal. La seule différence, c'est qu'on est tout seul en conférence de rédaction, vautré dans son canapé. 
J'ai testé le blog culinaire, pour voir. En anglais, histoire de. Mais je ne m'y suis pas collée avec assez d'assiduité pour que ça prenne. 
Puis rupture. 
Et ce blog, né il y a presque trois ans maintenant. Parce que j'avais besoin d'expurger des pensées, de les mettre par écrit, c'est toujours cathartique chez moi ce besoin d'écrire pour avancer, quand les choses vont bien, ou moins bien. 
En somme, ça fait bien plus que 10 ans que ça fourmille, que j'écris sur des bouts de papier, des carnets. Mais 10 ans que je consigne mes pensées par voie életronique, comme une bouteille à la mer dans l'immensité de la toile. 

En 10 ans la blogosphère (oui, maintenant on a un mot pour ça) a explosé, et les blogs se sont multipliés, plus vite que de Mogwai après minuit, qui des blogs de voyage, de bouffe, d'état d'âme, de tutoriaux maquillage. 
A l'époque Overblog tenait le haut du pavé en France, c'était la plateforme la plus simple pour les néophytes comme moi qui ne savaient pas coder. Wordpress était trop complexe, Blogger n'existait pas encore ou à peine, ou bien en tout cas n'était pas assez didactique pour moi. Je ne sais même plus. Je sais jusque que j'ai fini par basculer quand Overblog m'a d'office balancé une bannière de pub en pleine page avant les posts, parce que ça clignotait, ça gênait la lecture, et j'ai cherché une plateforme gratuite, simple et sans pub. Alors voilà. J'ai migré tous mes articles à la main les longues soirées d'hiver, transférant des heures d'écriture d'Overblog à Blogger, boulimie d'Internet. Si c'était à refaire, je signerais des deux mains. 

J'ai arrêté de bloguer expatriée en rentrant en France, le blog d'impatriée ne me convenait pas, et j'avais aussi besoin de changer d'air, de changer de style, de lecteurs, de ne pas avoir à répondre aux questions du pourquoi du comment ma vie avait changé, et qu'allaient devenir les autres intervenants, et pourquoi je postais plus autant ? J'avais besoin de faire table rase et pas envie de raconter Paris de la même manière que j'avais raconté l'ailleurs. 
C'est comme ça que j'ai raté le coche des blogs d'expatriés, j'ai lâché l'affaire juste avant que la presse ne s'en n'empare pour proposer aux heureux élus des partenariats pour écrire des livres plein de bons plans pour aller ailleurs comme un insider, j'ai pris trop tard le train des humeurs pour que ce blog ci détonne en ranking google, mais je m'en fous, j'écris parce que ça me fait du bien, et c'est tout ce qui compte. 

Parfois je me relis, je prends un article au pif pour voir, et je souris. C'est mon petit coin à moi, où je fais ce que je veux, où je dis ce que je pense. 
C'est l'écriture qui me tient, les doigts qui courent sur le clavier, la page qui se remplit toute seule, presque sans y penser. 10 ans que ça dure, et c'est loin d'être fini. 

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