mardi 18 février 2014

Turning point

J'aime ce moment, au détour d'une conversation, où un presque inconnu qu'on a rencontré il y a peu, tout à coup, s'ouvre comme une fleur, et s'épanche. Tout à coup, le verrou de la société saute, et on rentre dans le vif du sujet. Tout à coup, on n'est plus en train de parler politique ou de la forme des nuages, comme dans un salon de thé. On a brisé un mur de verre, qu'est ce qu'on risque ? Et on se lance. 

J'ai cette étrange capacité à écouter, on vient se confier à moi. 

C'est comme ça que j'ai retrouvé un homme, qui, il y a deux semaines, participait à la même formation que moi. 
De passage à Paris, on dîne ? Pourquoi pas. 
Donc, nous dînons. Au delà de l'aspect emprunté de la chose, les couverts qui cliquettent sur le bord d'une assiette. Tout à coup, et je ne sais pas même dire comment ni pourquoi, mais on en arrive au cœur du sujet, au moment crucial, au turning point. Est-ce un silence pensif de ma part qui catalyse cette envie de s'épancher ? Et pourtant, ce ne sont pas toutes vannes ouvertes. Non. On reste dans le principe d'un échange, constructif, on se parle pour avancer, on se rassure un peu, aussi. 
Ah, toi aussi ? Oui, moi aussi.  
Bas les masques. 
Derrière l'assurance première, la réussite, sociale, professionnelle, la faille. Presque imperceptible, et pourtant, là. Une faille qui se dévoile comme une cicatrice qu'on aperçoit soudain lorsqu'une manche se relève. 
La certitude, aussi, qu'en se dévoilant pourtant, on ne s'expose pas. On ne sera pas jugé, non plus. Équilibre fragile. 
La douceur des hommes, qui se dessine délicatement derrière cette forteresse trop souvent imprenable de l'apparence. 

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