vendredi 21 février 2014

Au coeur de la nuit

Je suis au creux de tes bras, ta main vient chercher la mienne, se referme, mes doigts minuscules enserrées dans tes mains d’homme, rugueuses. Tu me caresses distraitement le dessus de la main, du bout des doigts. C’est un geste à la fois si doux, si banal, aussi. Je ne peux pas m’empêcher de me demander si tu le fais consciemment, parce que je suis là, où à chaque fois que ta main se resserre sur celle, plus menue, d’une femme alanguie dans ton lit. 
Où es tu lorsque nous faisons l’amour, ici intensément, ou loin, si loin ? 
Tu es soudainement muet. Je plante mon regard dans le tien, tu croises ce feu, tu te détournes. J’avance à cet instant les yeux grands ouverts, tous mes sens, le moindre centimètre carré de ma peau est là, intensément là, ici, maintenant. Plus rien d’autre n’a d’importance pour moi. 
Lorsque la crête du plaisir est passée, tu t’abandonnes, enfin, je te retrouve. 
Tu me serres si fort, je suis le centre du monde, mon corps vibre encore, comme un instrument de musique après les dernières notes, les derniers accords, je sens encore cette vibration comme si tu étais en moi. Tu me serres si fort, nos respirations tout à l’heure emportées reprennent leur calme. Tu me serres si fort, je suis le centre du monde, je te serre dans mes bras aussi, ta tête repose sur mon sein gauche, j’embrasse tes cheveux. Tes cheveux si fins, si doux. J’embrasse tes cheveux, je m’enivre de ton odeur, ton odeur d’homme qui vient de jouir, un mélange de sueur, de désir, les vestiges de ta dernière cigarette, ton shampooing, peut-être, aussi. Tu me serres si fort, je m’enivre de ton odeur. 
Rejetée sur la grève avec toi, je suis le centre du monde. Je souris, à peine, dans le noir. Je ne veux pas te lâcher. 
Il faudra bien pourtant, tu desserreras ton étreinte, et tu t’allongeras sur le dos, tu allumeras une cigarette, une autre, un bras nonchalamment lancé comme un pont, sur mon ventre. Ta main vient chercher la mienne, se referme, mes doigts minuscules enserrés dans tes mains d’homme, rugueuses. Je ne veux plus jamais me lever. Je veux que le monde se limite à ces instants, à cette chambre, à cette moiteur, à la chaleur de nos deux corps alanguis.

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