mardi 11 juin 2013

Chère vache,

Tu as vécu ta vie de vache, paissant paisiblement en regardant passer les trains, sans te poser de questions, jusqu'à un dimanche après midi où tu t'es dit que l'herbe avait l'air plus verte de l'autre côté des rails. Ce besoin inhérent d'amélioration dans ta vie est tout à fait louable. Ce qui l'est moins, chère vache, c'est d'avoir rameuté deux de tes copines pour prendre votre courage à 12 sabots pour traverser les voies du TGV vers Bellegarde ce dimanche après midi. Fortes de votre envie d'herbe folle, vous n'avez pas entendu le doux son du train arrivant à pleine vitesse sur les voies que vous étiez en train de traverser, et c'est avec un déterminisme affolant que le train est venu te pulvériser sans pouvoir freiner. Tes copines auraient pu se sauver, mais elles ont préféré être solidaires dans la démolition de la locomotive. 
Quelques heures plus tard, il a fallu rameuter, un dimanche après midi, tu te rends pas compte, une équipe de la SNCF et quelques experts en os, pour récupérer tes clavicules, compter les petits bouts, et faire deux tas bien distincts : les morceaux de loco, à gauche, les pièces pour le boucher, à droite siouplé. 
Grâce à toi, j'ai passé deux heures sur le quai de la gare Cornavin à me demander pourquoi notre chère société des transports ferrovières ne balisait pas plus ses voies pour t'empêcher pour de vrai d'aller brouter entre les solives ce brin d'herbe particulièrement affriolant. 
Grâce à toi, j'aurais pu monter dans un TGV qui serait parti à peu près 4 heures après le mien, et qui aurait regroupé les passagers de quatre trains d'un coup, histoire de transbahuter jusqu'à Paname des humains comme du bétail (c'eut été ta petite vengeance posthume) et j'ai préféré vendre un rein pour racheter un billet de train et partir lundi matin, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne.
Grâce à toi j'ai passé une soirée de plus à Genève et je ne suis pas prête de me faire rembourser mon billet de la SNCF (à quoi je ne peux que me demander comment elle compte me faire préférer le train).
J'ai eu, depuis, des envies de massage, de bain brûlant et d'entrecôte grillée. 

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