lundi 22 juillet 2013

Le cimetière des éléphants (2)

Dans la saga de l'été, je vous propose de vous replonger dans le dernier épisode du Cimetière des Eléphants. Il est arrivé un truc étrange bizarre, un individu a retrouvé son chemin, vu la lumière au bout du tunnel et retrouvé l'usage de ses menottes (ici comprendre les mains, et non pas le machin froufrouteux prisé par ceux qui aiment se faire mal dans la pénombre ou en plein soleil aussi d'ailleurs) et émis un signal de fumée, envoyé un pigeon voyageur. Le message est clair comme de l'eau de roche, quand est ce qu'on se voit et pas seulement la méthode Coué partagée du je vais bien tu vas bien à plus salut bye
Stupéfaction. Etrangeté. Pinçage pour vérification de réel. 
Naaaan, you are eulaïveuh ? 
Carrément vivant, ouaip. 
On se retrouve dans un quartier de Paris que je connais mal, j'arrive volontairement un peu en retard (traduction : j'étais pile à l'heure et j'attends que me passent devant deux métros avant de prendre mon courage à deux pieds et de grimper les escaliers pour sortir de la station, c'est stupide, peut-être, mais c'est comme ça, je ne voulais pas attendre comme une cruche accrochée à mon téléphone comme une bouée de sauvetage en l'attendant). 
Je m'interroge sur ce qui va suivre. Il va m'annoncer qu'il déménage à Kuala Lumpur et me proposer une nuit folle trois heures avant de prendre son avion. Il va me présenter sa future épouse à laquelle il s'est fiancé et il voudrait que je sois témoin. Il me trouve sympa et il veut qu'on soit des potes, des vrais. 
Il est installé à une petite table, j'ai un coup au cœur, il a ce sourire qui me ravage et je danse d'un pied sur l'autre en m'approchant. Claquer une bise ? L'embrasser goulûment ? J'opte pour la passivité et j'attends qu'il se penche, il m'embrasse. J'en reste un peu comme deux ronds de flan et j'en tombe sur la première chaise à portée de fesse. 
Un mojito plus tard, j'ai réussi, le rhum aidant à désinhiber mes neurones en forme de point d'interrogation, à émettre tout ce qui me turlupinait. La disparition soudaine et inattendue, le fait qu'il ait refait surface en mode rholala j'ai eu teeellement de boulot ces trente cinq derniers jours, le principe du texto qui ne foule pas l'index ni le pouce, etc. Je m'étonne moi même de réussir à dire calmement et légèrement taquine (après un mojito je suis taquine, après deux mojitos, je ne sais plus comment je m'appelle, mais là, j'avais à peine éclusé le premier, ça aide) que je n'ai pas compris. Je m'applique. Il m'écoute. Je m'applique à lui dire, littéralement, I like you but I don't know what to think puisque visiblement il ne s'est pas tranché les veines par manque de moi, il n'a pas déménagé au Guatemala et il n'a pas perdu son téléphone.
Sur fond de taquinerie, de vraies questions abordées, en filage du I don't know what to think, transition : and now what ? Et, oui, toujours calmement, je réussis à dire ce que j'ai sur les tripes, et à le laisser parler aussi, sa version et son ressenti. D'où il ressort ce qu'il a une vie tellement trépidente qu'elle est tropidente et qu'il se demande s'il peut caser une chérie là dedans. D'où j'en conclus gentiment la question n'est pas est ce que tu peux faire une petite place dans ta vie mais est ce que tu en as envie. Question mark des deux côtés de la table, est ce que t-il
Le lendemain matin je m'interroge toujours sur le est ce que t-il. On est d'accord tous les deux, it could be nice. Mais à se voir une fois tous les 35 juillet, on va fatalement avoir du mal. 
Je me demande, du coup, si c'est une bonne chose qu'il n'ait fait qu'une escale dans le cimetière des chéris perdus. 

1 commentaire:

Parlez moi d'amour...